mardi 22 mai 2012

L'inégalité au sein des grands championnats européens

Maintenant que les 5 grands championnats ont livré leur verdict, les aficionados peuvent se livrer à toute sorte d'expertises diverses et croisées afin de déterminer les tendances de l'année.

Footballistico, pour sa part, s'est livré à une analyse de l'inégalité des ligues nationales, de leurs causes et de leurs conséquences dans les succès rencontrés lors des joutes européennes.

Étonnamment, toutes les ligues possèdent un profil presque similaire :

- 2 clubs se sont échappés et ont fait la course en tête de façon assez nette (les 2 Manchester, Barça-Real, Dortmund-Bayern, ...),
- une meute des poursuivants se tenant d'assez près, qui ont transformé la course à l'Europe en suspense haletant,
- au moins un club lâché bien avant la fin du championnat.

Mais comment mesurer l'inégalité de chaque championnat ? Nous avons retenu 3 critères :
  • la somme des points réunis par les 2 premiers (qualifiés directement pour la Ligue des Champions pour tous les championnats)
  • la somme des points des 3 derniers (relégués)
  • le ratio sommes des points des 5 premiers / sommes des points des 5 derniers, afin d'éviter le phénomène "grand club qui truste tout" (aucun championnat se déroulant de l'autre côté des Pyrénées ne doit se sentir visé).

Note : les chiffres de la Bundesliga ont été redressés afin de tenir compte d'un championnat se déroulant à 18 clubs.


- c'est presque évident, la France est le championnat les plus "égalitaire" sur les trois critères : les 2 premiers ont peu de points (en dépit de totaux très corrects au vu de l'histoire du foot hexagonal, les 3 derniers beaucoup) et le ratio 5 premiers / 5 derniers est très faible.

- l'Espagne est moins attendue : certes, les rivaux barcelonais et madrilènes dominent leurs homologues mais étonnamment, la somme de points des 3 derniers et le ratio 5 premiers / 5 derniers sont élevés. L'Espagne donne l'exemple d'un pays où derrière les 2 grands, les clubs offrent un paysage relativement homogène, plutôt de qualité d'ailleurs si l'on en croit les performances des clubs espagnols en Europa League.

- l'Angleterre est le championnat le plus inégalitaire : 2 premiers avec un fort total, 3 derniers au plus bas et ratio 5 premiers / 5 derniers très inégal. Ce résultat est plutôt surprenant pour au moins 2 raisons :
  • le championnat anglais est le plus équitable pour les droits TV
  • il est globalement le plus riche et la richesse devrait niveler les valeurs.
Dans les faits l'inverse est vrai : l'égalité relative des droits TV (entre 60 et 39 millions de livres) ne parvient pas en Angleterre à compenser celle des autres postes de recette : les "matchday", le sponsoring et les droits dérivé. Ceux-ci ont pris une importance très forte en Premier League et favorisent naturellement les gros clubs situés dans des villes importantes et qui ont su créer des marques mondiales. En outre, même si un Wolwerhampton est plus riche qu'un Auxerre, il n'arrive pas à attirer des joueurs de classe mondiale (ou même nationale), qui préfèreront un club plus modeste mais ayant une chance de jouer une coupe d'Europe dans une autre championnat


- l'Italie apparaît comme un championnat assez égalitaire (peu de points sur les 2 premiers, ratio 5/5 assez bas) mais avec des équipes de bas de classement qui ont peiné. La répartition des droits, très inégalitaires (ratio de 1 à 8), qui pénalise les "petits clubs" (population et audience faibles) doit avoir quelque chose à voir.

- l'Allemagne est dans une situation inverse de l'Espagne : les 2 grands sont assez faibles mais les 5 premiers clubs ont dominé le championnat.

Que déduire de ces statistiques sur la domination continentale : existe-t-il une "bonne" méthode ?

Oui. Et elle semble claire : afin d'avoir des performances, l'inégalité d'un championnat est un bon indicateur. Les 2 premiers à l'indice UEFA sont les plus inégaux, chacun à leur manière, on l'a dit. On peut avancer des explications :

 - pour l'Angleterre, c'est plus simple. Avec la valeur absolue que génère la Premier League, les anglais ont réussi à construire une demi-douzaine de clubs (Tottenham et Man City rejoignant le big 4) et l'un d'entre eux parvient toujours à performer en coupe d'Europe.

- pour l'Espagne , c'est plus complexe. On a accusé le Real et le Barça de sucer le sang des autres clubs en faisant main basse sur les droits TV. Pourtant, année après année, l'Atletico, l'Athletic Bilbao ou Valence font des campagnes tout à fait étonnantes. La théorie de Footballistico, c'est que des leaders d'exception tirent le championnat vers le haut via plusieurs moyens :
  • la valeur des transferts qui retombent sur les autres clubs espagnols,
  • la haut niveau des confrontations avec les 2 géants, qui tirent tous les autres clubs vers le haut (il n'est qu'à voir la qualité des rencontres livrées par Bilbao ou Valence cette année face au Barça), en transformant des matches de championnat en joute de haut vol,
  • l'attirance que le Liga engendre pour tous les joueurs de la planète, du simple fait de la présence de ces 2 grands clubs.
Bien évidemment, il serait absurde de s'en tenir au seul critère d'inégalité pour expliquer la réussite des clubs de Liga ou de Premier League à l'indice UEFA. La qualité de la formation espagnole, les moyens absolus dont disposent ces championnats sont d'autres facteurs. Néanmoins, à l'heure ou d'aucuns héroïsent Montpellier et son 13ème budget de L1, il faut se souvenir que les belles histoires nationales se transforment souvent en déconfitures européennes (Udinese, Sochaux, Lille, ...)

Footballistico



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